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Capitalism as a Dominant Force in the Cultural Sector

Référence

Bérubé, Julie, Jacques-Bernard Gauthier, Julien Doris. Capitalism as a Dominant Force in the Cultural Sector. 22nd International Conference on Cultural Economics, (2023).

Résumé

La société actuelle est dominée par des valeurs dérivées du capitalisme. Toutes les autres activités basées sur des valeurs essentielles au maintien de la société (création, démocratie, justice, soin, etc.) sont mises au service du capitalisme (Fraser, 2022). Cette domination du capitalisme transcende tous les secteurs, y compris les arts et la culture (Fraser, 2022). Cependant, de nombreux artistes prétendent être guidés par des valeurs artistiques et non capitalistes.

Le but de cette recherche est d’explorer les valeurs dominantes des artistes professionnels. Pour ce faire, nous utilisons le cadre théorique de Boltanski et Thévenot (1991, 2006) sur la justification, qui permet d’étudier les tensions découlant de différents systèmes de valeurs. Boltanski et Thévenot identifient six mondes avec des systèmes de valeurs indépendants : inspiré (création), domestique (soin), renommée (popularité), civique (démocratie/justice), marché (profits) et industriel (efficacité).

Il semble logique de penser que le secteur culturel, en particulier les artistes, est dominé par des valeurs du monde inspiré. Afin d’explorer lequel de ces mondes les artistes privilégient, nous avons mené une étude longitudinale avec une collecte initiale de données en 2017. À cette époque, nous avons réalisé 50 entretiens semi-structurés avec des artistes visuels professionnels. Trois ans plus tard, nous avons mené 20 entretiens avec un échantillon des répondants de la première collecte de données.

Nos données montrent que les artistes font face à des tensions entre les impératifs artistiques et monétaires ou entre le monde inspiré et le monde du marché. Pour gérer cette tension, les artistes trouvent soit un compromis entre ces deux mondes, soit rejettent le monde du marché en faveur du monde inspiré. En effet, les artistes qui trouvent un compromis décident de vendre leurs œuvres dans des galeries commerciales, réussissant ainsi à vivre de leur art.

Les artistes qui rejettent les valeurs du monde du marché et refusent de vendre leur travail adoptent deux stratégies pour leur carrière. Soit ils exposent dans des galeries de type muséal en échange d’un cachet d’artiste, soit ils sollicitent des subventions de création offertes par les gouvernements ou des centres dirigés par des artistes. Bien que ces artistes rejettent les valeurs capitalistes, ils mettent en œuvre des stratégies pour obtenir des subventions ou exposer dans des galeries de type muséal. Ainsi, ils ne sont pas uniquement guidés par leur inspiration et leur créativité, mais plutôt par les demandes des organismes de subvention ou des conservateurs.

Dans les deux situations, nos analyses révèlent la domination du monde du marché induite par les principes de l’ère sociohistorique capitaliste. Cette recherche contribue au domaine de l’économie culturelle en montrant que le secteur culturel est dominé par des valeurs capitalistes. Les artistes ne peuvent pas créer librement mais doivent se conformer à différentes exigences en raison de la domination du capitalisme sur l’ensemble de la société.

Mots-clés : Capitalisme ; Artistes ; Théorie de la justification ; secteur culturel