Reference
Bérubé, J. & Roussel, J. 12e Congrès de l’Académie de l’entrepreneuriat et de l’innovation. « L’artiste-entrepreneur au profit de la société » (Tunis, octobre 2021).
Summary
Le simple fait d’historiciser l’art selon un courant comme dénominateur du temps entrecroise la création aux contraintes sociopolitiques et économiques de l’époque (Foster, 1987). Il serait égoïste de croire que l’art soit l’unique discipline à l’abri des valeurs actuelles du capitalisme. Cette recherche s’intéresse aux questions suivantes : Comment les artistes-entrepreneur·e·s arrivent à concilier les impératifs ou valeurs artistiques et entrepreneuriales dans leur pratique artistique professionnelle ? Quel est le rôle joué par les bailleurs de fonds culturels au sein d’une communauté artistique ? Le cadre théorique de la justification de Boltanski et Thévenot (1991; 2006) sera mobilisé pour cette recherche, car il permet d’étudier les tensions à l’aide de ce que les auteurs nomment les mondes qui présentent des systèmes de valeurs distincts. L’approche méthodologique retenue pour cette recherche est l’enquête qualitative. Nous avons mené un total de 50 entrevues semi-structurées auprès d’artistes professionnel·le·s en arts visuels. Sans surprise, nos résultats montrent la double identité des artistes, soit celle d’artiste et d’entrepreneur·e. Cette double identité crée une tension chez les artistes et nous relevons deux mécanismes pour la gérer. Le premier est quelques ajustements à leur pratique artistique comme s’adapter à un certain format de toile. Le deuxième mécanisme vient de l’intervention de l’État dans les programmes de subventions. Les mondes de l’inspiration et marchand de Boltanski et Thévenot (1991; 2006) représentent les deux identités. Le marché créatif est le compromis du premier mécanisme. Pour le deuxième mécanisme, un troisième monde permet le compromis, soit le monde civique.